La culture et la mémoire
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La culture et la mémoire
Ce matin, Mathieu Bock-Côté du Journal de Montréal écrivait ceci:
Réflexion mélancolique de fin de soirée. Je suis d'une génération qui n'a jamais rien appris par cœur à l'école, sinon la table de multiplications – et les seules choses que nous connaissons par cœur, ce sont certaines chansons. Mais les grandes pièces de théâtre ? Jamais. Les plus beaux poèmes ? Non plus. Cette culture, elle ne nous a jamais été transmise. Je devine que les théoriciens de l’éducation d’alors ne reconnaissaient pas la pertinence de ces textes, qu’ils jugeaient probablement déphasés, inactuels. Nous avons reçu une éducation bien étrange. La meilleure part de la culture française n'était pas considérée comme fondamentale. Chacun doit la conquérir par lui-même. Mais à quelques exceptions près, elle ne va de soi pour personne. Quiconque se tourne vers la grande culture ressent intimement sa propre inculture – à tout le moins, c’est mon cas. Alors depuis des années, je lis les grandes pièces de théâtre comme les grands poèmes, et de temps en temps, je cherche à les mémoriser, sans trop de succès. Je les lis souvent à voix haute, pour goûter chaque phrase. De même pour certaines fables de La Fontaine. Elles m'émerveillent, vraiment. Je parviens quelquefois à retenir quelques segments. Mais c'est surtout pour constater qu'il faut que j'en revienne chaque fois au texte pour les réciter convenablement. Je ne veux pas idéaliser l'éducation de nos parents, mais je constate qu'ils sont plusieurs à avoir su réciter toute leur vie les textes de leur jeunesse. Ils en tirent, je crois, un grand bonheur. Je ne dégage aucune leçon de cela, seulement une espérance : qu'un jour, à l'école, on apprenne encore notre langue en lisant La Fontaine, et pourquoi pas Racine, Molière ou Baudelaire, et qu'on mémorise certains textes, ne serait-ce que pour avoir quelque part en soi un rapport intime avec la beauté de la langue française.
Et j'ai répondu à une intervenante ceci: (elle ramenait tout à la censure de l'Église catholique dans le passé)
Madame Doyon, J'ai 64 ans. Tous ces grands classiques étaient à notre portée dans les années où j'ai reçu mon instruction scolaire. Oh, les soeurs nous ont bien dit d'éviter Baudelaire ou Sartre mais, comme j'avais une nature curieuse et que je voulais apprendre, apprendre et encore apprendre, rien ne m'a arrêtée. Surtout un prof de littérature au secondaire (dans une école publique, oui ma chère!) qui m'a encouragée dans cette voie. Oh oui nous apprenions beaucoup par coeur. Mais je suis tellement fière de mon excellente mémoire aujourd'hui. Alors, je salue M. Bock-Côté pour son intérêt pour la culture française. Bonne journée à vous deux.
Je voudrais rajouter que déjà quand j'avais 16 ou 17 ans et que je parlais de littérature à mes compagnes de classe, je ne rencontrais que dédain, indifférence et réflexions du genre: "J'ai pas besoin de ça pour travailler!"....
Pourtant, je n'avais mentionné que le fait d'avoir reçu un livre de poèmes de Victor Hugo d'un ami et que j'avais été enchantée pour ne pas dire éblouie par la manière dont Monsieur Hugo maniait le verbe. (Exemple de situations vécues)
Dire que plus tard, certaines d'entre elles ont dû s'extasier devant la pièce "Notre-Dame de Paris".....
Réflexion mélancolique de fin de soirée. Je suis d'une génération qui n'a jamais rien appris par cœur à l'école, sinon la table de multiplications – et les seules choses que nous connaissons par cœur, ce sont certaines chansons. Mais les grandes pièces de théâtre ? Jamais. Les plus beaux poèmes ? Non plus. Cette culture, elle ne nous a jamais été transmise. Je devine que les théoriciens de l’éducation d’alors ne reconnaissaient pas la pertinence de ces textes, qu’ils jugeaient probablement déphasés, inactuels. Nous avons reçu une éducation bien étrange. La meilleure part de la culture française n'était pas considérée comme fondamentale. Chacun doit la conquérir par lui-même. Mais à quelques exceptions près, elle ne va de soi pour personne. Quiconque se tourne vers la grande culture ressent intimement sa propre inculture – à tout le moins, c’est mon cas. Alors depuis des années, je lis les grandes pièces de théâtre comme les grands poèmes, et de temps en temps, je cherche à les mémoriser, sans trop de succès. Je les lis souvent à voix haute, pour goûter chaque phrase. De même pour certaines fables de La Fontaine. Elles m'émerveillent, vraiment. Je parviens quelquefois à retenir quelques segments. Mais c'est surtout pour constater qu'il faut que j'en revienne chaque fois au texte pour les réciter convenablement. Je ne veux pas idéaliser l'éducation de nos parents, mais je constate qu'ils sont plusieurs à avoir su réciter toute leur vie les textes de leur jeunesse. Ils en tirent, je crois, un grand bonheur. Je ne dégage aucune leçon de cela, seulement une espérance : qu'un jour, à l'école, on apprenne encore notre langue en lisant La Fontaine, et pourquoi pas Racine, Molière ou Baudelaire, et qu'on mémorise certains textes, ne serait-ce que pour avoir quelque part en soi un rapport intime avec la beauté de la langue française.
Et j'ai répondu à une intervenante ceci: (elle ramenait tout à la censure de l'Église catholique dans le passé)
Madame Doyon, J'ai 64 ans. Tous ces grands classiques étaient à notre portée dans les années où j'ai reçu mon instruction scolaire. Oh, les soeurs nous ont bien dit d'éviter Baudelaire ou Sartre mais, comme j'avais une nature curieuse et que je voulais apprendre, apprendre et encore apprendre, rien ne m'a arrêtée. Surtout un prof de littérature au secondaire (dans une école publique, oui ma chère!) qui m'a encouragée dans cette voie. Oh oui nous apprenions beaucoup par coeur. Mais je suis tellement fière de mon excellente mémoire aujourd'hui. Alors, je salue M. Bock-Côté pour son intérêt pour la culture française. Bonne journée à vous deux.
Je voudrais rajouter que déjà quand j'avais 16 ou 17 ans et que je parlais de littérature à mes compagnes de classe, je ne rencontrais que dédain, indifférence et réflexions du genre: "J'ai pas besoin de ça pour travailler!"....
Pourtant, je n'avais mentionné que le fait d'avoir reçu un livre de poèmes de Victor Hugo d'un ami et que j'avais été enchantée pour ne pas dire éblouie par la manière dont Monsieur Hugo maniait le verbe. (Exemple de situations vécues)
Dire que plus tard, certaines d'entre elles ont dû s'extasier devant la pièce "Notre-Dame de Paris".....
Invité- Invité
Re: La culture et la mémoire
Tout le monde peut aller au théâtre, au concert ou dans une expo, un musée; fréquenter les bibliothèques.
La culture ne sert à rien pour avoir un job ? Peut-être. Mais après le travail, qu'y a-t-il, que reste-t-il ?
La culture ne sert à rien pour avoir un job ? Peut-être. Mais après le travail, qu'y a-t-il, que reste-t-il ?
Romane- Dame d'or
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